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Stress et anxiété, d'où
ça vient ?

Le stress est une réaction naturelle qui nous permet de nous adapter à une menace dans notre environnement. Afin d’éviter les alertes pour tout et n’importe quoi, ton système de défense est capable de se réguler tout seul en quelques fractions de seconde, en distinguant les vraies et fausses menaces. Les informations que l’on perçoit vont être analysées, comparées et vont traverser plusieurs zones de notre cerveau pour nous dire si ou non il faut se battre, courir ou se figer (phénomène de sidération/dissociation). Le stress est censé monter ou descendre en fonction de ta capacité à évaluer le danger. Lorsque tu n’y arrives plus, le stress se déclenche un peu tout le temps, ou un peu trop fort, ou alors ne redescend plus. Et là, on parle d’anxiété.

Dans cet article je vais t’indiquer comment reconnaître lorsque l’anxiété dysfonctionne, puis faire un point sur les facteurs et les origines possibles de l’anxiété

Comment reconnaître que ton anxiété ne fonctionne pas correctement ?

Le corps qui déclenche trop souvent des alertes va chambouler ton fonctionnement, psychologique et corporel.

Typiquement, certaines situations indiquent que l’anxiété n’est plus fonctionnelle :

  • Quand l’anxiété se manifeste dans des moments inappropriés
  • Quand elle est récurrente, voire constante
  • Quand elle est intense, violente et qu’elle perturbe la vie quotidienne en empêchant de faire ou en imposant des actions (mentales ou réelles)

Pour reconnaître si tu souffres d’anxiété, tu peux te poser plusieurs questions comme :

  • Est-ce que mon anxiété disparaît quand la situation s’apaise, ou est-ce qu’elle reste toujours un peu ?
  • Est-ce que j’ai souvent des pensées intrusives, négatives ou répétitives, difficiles à stopper, même si elles ne sont pas réalistes ?
  • Est-ce que tu ressens des symptômes physiques comme des tensions musculaires, des maux de tête ou des troubles digestifs sans raison médicale ?
  • Est-ce que ton anxiété monte directement en flèche quand elle arrive ?
  • Est-ce que tu as l’impression d’être sur « le qui-vive », en alerte, même lorsque tu es dans un environnement sûr et calme ?
  • Est-ce que ton anxiété a des répercussions importantes, comme vouloir toujours contrôler ton environnement, toi-même, ou tes proches pour réussir à te « sentir bien » ?
  • Est-ce que tu évites des situations, des lieux, des personnes parce que ça te semble insurmontable ?
  • Est-ce qu’il y a des actions que tu te sens obligé·e de faire (qui sont « plus fortes que toi ») pour te sentir mieux et qui t’apportent beaucoup de frustration si tu ne les fais pas ?
  • Est-ce que tes émotions te semblent intenses ou, au contraire, inexistantes ?

Ces questions peuvent t’amener à réfléchir sur ton anxiété et à explorer ces pistes avec un·e professionnel·le.

Pourquoi certaines personnes sont-elles plus anxieuses que d’autres ?

Nous ne sommes pas tou·te·s égaux face à l’anxiété, et cela ne se résume pas qu’à une question d’accès aux soins de santé mentale. Cela va bien plus loin, c’est une question politique.

Dès le ventre de sa mère, le fœtus est sensible aux niveaux d’hormones de stress de celle-ci. Lorsqu’une personne enceinte vit sa grossesse dans un contexte stressant, politiquement ou financièrement, qu’elle expérimente la précarité, qu’elle souffre de dépression, subit de la violence, ou pire, elle sécrète des hormones de stress qui impactent le développement du fœtus. Cela ne veut pas dire que tout est déterminé à cette étape, ni que l’enfant à venir souffrira forcément d’anxiété et de problèmes de développement, en revanche cela peut nous pousser à nous questionner quant aux véritables causes de l’anxiété dans notre société. 

Facteurs biologiques

Il existe des facteurs biologiques qui peuvent influencer ta sensibilité au stress et au développement de troubles anxieux, comme ton tempérament ou tes gènes.

Cela ne signifie pas qu’il existe « un ou des gènes directement liés à ces troubles ». Cependant, chez certaines personnes, il existe un terrain favorable, sans pour autant qu’elles souffrent nécessairement d’anxiété. Cela signifie qu’avec des prédispositions à l’anxiété, tu aurais « plus de risques » d’en développer suite à un événement de vie stressant, EN THÉORIE. Il faut garder en tête que le facteur biologique n’est pas tout seul et que d’autres facteurs peuvent le faire évoluer. 

Facteurs développementaux

Parmi les facteurs qui peuvent être aidant lorsque l’on est plus vulnérable à l’anxiété il y a le facteur développemental. Notamment l’impact de l’éducation et des soins parentaux. Un·e enfant qui développe un style d’attachement sécure va plus facilement réguler ses émotions, y compris son stress. Cette personne va nourrir une confiance en elle et en l’avenir plus solide et être capable de mieux communiquer ses besoins pour trouver du soutien. L’attention des parents à répondre aux besoins de l’enfant, à accueillir ses émotions, à l’aider à les identifier et les accepter va grandement contribuer au développement émotionnel sain à l’âge adulte et donc à une meilleure gestion de l’anxiété.

En revanche, lorsqu’on ne bénéficie pas de ces soins, qu’on n’est pas soutenu·e, valorisé·e, écouté·e, ou, pire, qu’on subit de la maltraitance (physique, verbale, psychologique, négligence…), on peut développer un style d’attachement anxieux, désorganisé ou évitant, ce qui défavorise la stabilité émotionnelle et la régulation du stress, voire amplifie les prédispositions anxieuses.

De plus, un parent anxieux peut « transmettre » certaines peurs à son enfant par modélisationCela arrive souvent pour les phobies. L’enfant voit son parent avoir très peur de quelque chose, et il intègre (in)consciemment la consigne que cela est un danger à éviterUn parent anxieux influence également la gestion du stress de son enfant, en l’aidant (ou pas) à réguler son propre stress, ou encore à travers la transmission de croyances liées à l’anxiété : « Fais attention à qui tu parles, les gens sont hypocrites », « Fais attention quand tu sors, le monde est dangereux ». Ce sont en général des distorsions cognitives (pensées biaisées très fortes) qui expriment l’anxiété et qui sont transmises comme des règles importantes pour l’enfant.

Facteurs sociaux et environnementaux

Ces facteurs témoignent des inégalités sociétales et montrent une fois encore que nous ne sommes pas tou·te·s égaux dans l’accès aux soins en santé mentale.

Les facteurs sociaux et environnementaux comprennent, par exemple, la situation sociale et économique du foyer où grandit l’enfant. Un divorce, un logement exigu, insalubre, instable, des parents absents, les violences domestiques, de mauvaises conditions de vie sont des sources d’anxiété qui peuvent empirer en grandissant.

Enfin, les événements traumatogènes (ayant le potentiel d’entraîner un traumatisme) comme un décès, un accident, une maladie, du harcèlement scolaire ou professionnel, de la discrimination, une agression… peuvent amener à développer de l’anxiété durablement… Cela peut aussi survenir à l’âge adulte.

Conclusion

La sensibilité et les risques de développer de l’anxiété dépendent de nombreux facteurs ! Biologiques, sociaux, environnementaux, développementaux… et cela se construit même avant ta naissance. Rien n’est figé, et nous continuons de changer et de faire évoluer notre gestion de l’anxiété tout au long de notre vie.

Cependant, on constate que l’anxiété se développe plus facilement lorsqu’on est issu·e d’un milieu défavorisé ou d’une minorité. On a plus de risques d’être éduqué·e par un·e parent lui-même touché·e par l’anxiété ou la dépression, ou bien de vivre dans des conditions défavorables, ou d’être exposé·e à certains facteurs déclencheurs comme les agressions, le harcèlement, les discriminations etc.

C’est pourquoi la gestion de l’anxiété et sa prévention sont des questions politiques touchant de nombreuses strates de notre société et impactant particulièrement les plus précaires (femmes, enfants personnes racisées, LGBTQUIA+, personnes ayant un handicap…) pour qui le système actuel ne donne pas les moyens d’accéder aux soins, ni ne favorise la prévention. La liste est vaste, les moyens manquent et la question de l’anxiété et de ses causes est complexe, mais importante pour comprendre comment améliorer notre santé mentale et notre bien-être collectif à l’avenir.