L'arrêt du tabac n'est pas qu'une simple question de volonté ou de motivation
La volonté dans l’arrêt du tabac, ou LE truc hyper culpabilisant ! On l’a tous.tes entendu au moins une fois dans notre vie, que l’on fume ou pas : “Il faut de la volonté ou de la motivation pour réussir à arrêter de fumer”, dans les 2 cas c’est la même bêtise.
En réalité, l’arrêt du tabac n’a rien à voir avec tout cela. Les personnes qui ont du mal à arrêter de fumer ne manquent ni de volonté, ni de motivation bien au contraire. Ces discours viennent souvent de non-fumeur.se.s ou des 2 % de personnes qui réussissent à arrêter de fumer sans aide*. Voyons plutôt ce qui a le plus de chance de réussite !
*Source : Tabac-info-service.fr
Pourquoi l’arrêt du tabac ne repose-t-il pas sur la volonté, la motivation ou la force ?
Parce que la dépendance au tabac est, selon l’Organisation mondiale de la santé, une “affection médicale chronique”. La dépendance au tabac modifie le fonctionnement de certaines de vos hormones, vos croyances, vos automatismes, et votre façon de gérer vos émotions, etc. Pensez-vous vraiment que la simple volonté consciente suffise ?
Arrêter de fumer, ce n’est pas seulement résister au manque jusqu’à ce qu’il disparaisse. Le problème, c’est que beaucoup le croient et culpabilisent de ne pas réussir, pensant que la volonté suffira. Les personnes souhaitant arrêter de fumer n’ont pas besoin d’une volonté ou d’une motivation extraordinaires ; elles ont besoin d’un accompagnement adapté. Cela peut être par exemple : comprendre leur dépendance, savoir ce qui se passe en elles, apprendre des techniques pour gérer leurs émotions ou les fortes envies, ou encore de déculpabiliser leur parcours !
Pourquoi c'est contre-productif de miser sur la volonté ou sur la motivation ?
Parce que ça fait culpabiliser.
Les sources de motivations que j’entends constamment de la part des personnes que j’accompagne sont :
- Ma santé
- Mes enfants
- Économiser de l’argent
- Mettre en place un projet particulier avec les économies
De superbes motivations, n’est-ce pas ? Mais imaginez que vous êtes en soirée, entouré.e de vos ami.es fumeur.se.s, et que vous êtes à deux doigts de craquer, peu importe à quel point votre motivation et votre volonté sont fortes, vous ne vous dites pas “Il ne faut pas que je craque parce que dans cinq ans, cela pourrait me provoquer un cancer des poumons », ou alors « il ne faut pas que je craque parce que j’ai prévu des vacances avec cet argent dans 6 mois”. Non, ce que vous vous dites, c’est plutôt : “Franchement ça va, j’en fume qu’une seule, ça ne va pas tout gâcher, et puis l’ambiance est trop bien, j’ai envie de m’amuser avec tout le monde”.
Et BIM, vous refumez, et BIM, vous culpabilisez. Pourtant, je vous dis que tout cela est : normal.
Notre cerveau a du mal avec les objectifs à long terme
C’est normal, car toutes ces sources de motivation (santé, famille, argent) sont des projets à LONG terme. Mais lorsque vous avez envie de vous calmer pendant une pause café au boulot parce que vous ne supportez plus votre collègue Maxime, qui fait n’importe quoi, c’est un besoin fort à l’instant T (très fort parfois 😅), vous avez besoin d’un moyen pour vous détendre plutôt que d’aller dire à Maxime qu’il vous saoule. Et votre cerveau, lui, se rappelle de ce qu’il a appris : fumer me détend. Vous vous retrouvez alors dans un conflit intérieur extrême entre vos objectifs à long terme, et votre besoin immédiat. Le soucis est que le cerveau cherche naturellement des moyens de se sentir bien et d’avoir du plaisir, et il fuit les sources d’inconforts et de douleur. Résister au tabac va être perçu comme une grosse source de malaise, alors que fumer comme une source de plaisir et de détente.
C’est pour ça que c’est le besoin immédiat qui l’emporte sur la motivation. Notre cerveau est très doué pour nous satisfaire immédiatement et il cherchera toujours l’option la plus facile. Et la cigarette est un excellent moyen de se satisfaire rapidement…
Du coup on fait quoi de la volonté, de la motivation et de la force pour arrêter de fumer ?
Après cela, vous culpabilisez énormément, vous vous dites que vous êtes un mauvais exemple pour vos enfants, que votre santé est fichue, et que vos vacances, vous pouvez les oublier, car “vous n’avez pas assez de motivation et de volonté”. Pourtant, en réalité, la volonté et la motivation ne sont que la première étape, celle qui vous fait passer à l’action ! Le reste se complique car vous n’avez pas de soutien psychologique, de connaissances, de stratégie…
Comme nous l’avons vu la motivation et la volonté ont des objectifs long terme et sont trop différents de l’objectif « arrêt du tabac » qui se joue sur l’instant. C’est une erreur de vouloir régler un problème immédiat par un objectif à long terme, en tout cas c’est BEAUCOUP plus difficile et c’est dommage. Pour que cela soit plus simple il faut remplacer le comportement de fumer par un autre. Mais il faut que ce soit quelque chose qui soit disponible immédiatement et sain (pas de nourriture à la place du tabac par exemple).
Quel.les professionnel.les pour arrêter de fumer ?
Et pour mettre en place tout ça il existe des solutions qui fonctionnent.
Vous avez surtout besoin de trouver un accompagnement qui vous convienne car faire tout ça seul.e ça peut être compliqué, ça peut ralentir le processus, baisser l’estime de soi si on y arrive pas… et tout ça, ça n’aide pas.
La dépendance et l’arrêt du tabac sont propres à chacun.e. Cette dépendance se divise en trois aspects : physique, comportemental, et psychologique. Nous ne sommes pas tous.tes sensibles de la même manière à ces trois facettes de la dépendance au tabac.
Parfois, vous avez besoin de comprendre le fonctionnement de la dépendance, ou travailler sur la gestion de vos émotions, sur vos comportements, sur vos croyances, ou bien prendre des substituts, ou encore une combinaison de plusieurs solutions.
En tout cas, sachez qu’être accompagné.e dans votre arrêt du tabac augmente vos chances de réussite de 70 % !
Vous pouvez commencer par rencontrer des professionnel.les qui accompagnent l’arrêt du tabac.
Pour un accompagnement psychologique, vous pouvez consulter des psychologues, des thérapeutes formé.es à ce type d’accompagnement, des addictologues, ou des tabacologues. Pour obtenir des substituts nicotiniques, tournez-vous vers des psychiatres, des médecins, infirmiers.ères, masseur.se.s-kinésithérapeutes, ou chirurgien.ne.s-dentistes.
Ne désespérez pas, choisissez VOTRE accompagnement.
En somme, arrêter de fumer est un processus complexe qui ne repose pas uniquement sur la volonté ou la motivation, qui ne sont en réalité que la première étape finalement. La dépendance au tabac touche à la fois le corps et l’esprit, influençant nos hormones, nos croyances, nos émotions, et nos comportements. C’est pourquoi il est essentiel de ne pas culpabiliser si l’arrêt du tabac s’avère difficile. Il faut garder à l’esprit que les “rechutes” font partie de ce processus ! Plutôt que de compter sur la seule force de volonté, il est crucial de se tourner vers un accompagnement adapté, qui tient compte des différentes dimensions de VOTRE dépendance. Avec le bon soutien et les bonnes ressources, vous augmentez considérablement vos chances de réussir à vous libérer du tabac définitivement. Et c’est tout ce que je vous souhaite !