FAQ Cigarette électronique, substituts à la nicotine, arrêt progressif ou du jour au lendemain... ?
Je m’attelle à décrypter 3 questions autour de la cigarette électronique, des substituts à base de nicotine et de l’arrêt en lui-même. C’est parti !
Est-ce que la cigarette électronique est une vraie solution pour arrêter de fumer ?
Alors avant de répondre, je te partage les recommandations du ministère de la Santé et de l’Accès aux soins, pour savoir ce qu’il en est en France. Il déclare qu’« il n’y a actuellement pas de preuves scientifiques suffisantes pour affirmer que les produits du vapotage puissent constituer une aide à l’arrêt de la consommation de tabac ». Donc pour l’instant, en France, selon les autorités compétentes, on manque d’études fiables, à long terme, etc. C’est pour cela qu’en France, la cigarette électronique n’est pas un « produit médical » d’aide au sevrage tabagique. Mais cela pourrait peut-être changer dans les prochaines années.
En revanche, ils déconseillent complètement le vapo-fumage, c’est-à-dire vapoter ET fumer en même temps. C’est très mauvais, et surtout, ça n’apporte aucune aide pour arrêter.
MAIS, il y a du nouveau. En 2023, l’étude Cochrane dont le groupe est basé au CHU de Québec-Université Laval à Québec (et dont les résultats sont souvent très qualitatifs) a proposé un éclairage différent.
Premièrement, elle affirme que la cigarette électronique est un outil efficace pour l’arrêt du tabac.
Même si, évidemment, la vapoteuse n’est pas officiellement reconnue comme une aide à l’arrêt de la cigarette , la Dre Nancy Rigotti qui a participé à l’étude Cochrane (Massachusetts General Hospital and Harvard Medical School, Boston, États-Unis) s’est déclarée en faveur de la reconnaissance de la cigarette électronique comme aide au sevrage tabagique grâce aux preuves accumulées.
Les effets indésirables seraient identiques à ceux des substituts à la nicotine : maux de gorge, de tête, sensations de malaises, et toujours selon l’étude, la cigarette électronique fonctionnerait mieux que les substituts à la nicotine classiques, et mieux que la cigarette électronique sans nicotine.
Malgré cela, la cigarette électronique ce n’est pas une baguette magique.
Il y a malgré tout des zones d’ombre, notamment le fait que la vapoteuse peut être plus difficile à stopper que les substituts à la nicotine classiques. Cela a été mis en évidence par une étude randomisée anglaise dans laquelle nous découvrons que parmi un groupe d’ex-fumeur·ses suivi·es pour l’étude, 80 % continuaient d’utiliser la cigarette électronique après un an, alors que dans le groupe de personnes ayant utilisé des substituts à la nicotine classiques, seulement 9 % continuaient après un an.
La e-cigarette n’est pas dénuée de risques pour la santé, notamment parce qu’elle contient des quantités variables de nicotine et des émissions plus ou moins néfastes. Comme tout produit contenant de la nicotine, elle comporte des risques pour le.a consommateurice et les personnes autour (humain·es/animaux, et oui, même pour ton petit chat tout mignon).
J’ajouterai que bien que l’étude Cochrane n’ait pas relevé d’effets délétères à long terme pour l’utilisation de la cigarette électronique, le suivi le plus long n’était que de 2 ans, ce qui est très court pour réellement saisir les effets à long terme.
Face à cet entre-deux, certains professionnel·les prennent position et souhaitent que les vapoteuses/cigarettes électroniques soient réglementées comme des dispositifs médicaux, prescrites sous le contrôle d’un médecin. L’utilisation libre et non contrôlée n’est pas toujours aussi efficace qu’une utilisation avec accompagnement. Sans accompagnement, on estime que 60 % des fumeur·ses qui optent pour la cigarette électronique en viennent seulement à réduire leur consommation de tabac, mais pas à arrêter complètement. L’accompagnement permettrait d’aller au bout du processus.
Et les substituts à la nicotine ?
Selon une étude IFOP du 27/05/2024, plus de 7 Français·es sur 10 se déclarent mal informé·es (72 %), dont un tiers « très mal informé·es » (33 %), donc ça me paraît plutôt important de les aborder ici.
Commençons par les principaux avantages des substituts :
- Les substituts à la nicotine réduisent les envies de fumer et les symptômes de sevrage.
- Ils ne peuvent pas rendre physiquement dépendant·e à la nicotine contenue, car leur diffusion est lente et ne provoque pas de pic de nicotine, contrairement à la cigarette électronique. (Mais ils peuvent amener à une forme de dépendance comportementale en cas de prise systématique.)
- Ils sont remboursés.
L'étude Cochrane a également du nouveau par ici
Elle s’est également intéressée aux substituts à la nicotine et a tiré des conclusions :
- En associant des substituts à action rapide et des patchs, cela augmente les chances d’arrêter sur le long terme par rapport à la prise d’une seule forme de substitut.
- Utiliser un substitut nicotinique avant de commencer le processus d’arrêt est plus efficace que de tout commencer en même temps.
Est-ce qu’il y a une différence entre arrêter de fumer d’un coup ou progressivement ?
Eh bien, en fait, il n’y a pas de meilleure technique, les 2 fonctionnent aussi bien ! Si tu n’es pas encore pleinement prêt·e à passer le cap, tu peux éventuellement commencer par réduire ton nombre de cigarettes. Ou bien, si tu choisis d’utiliser une cigarette électronique, tu peux aussi réduire le nombre de mg de nicotine. Y aller progressivement a l’avantage de te redonner du contrôle sur ta consommation, surtout si tu as peur d’arrêter, ce qui peut t’aider à reprendre confiance en toi pour réussir à arrêter. Ce n’est pas négligeable, surtout si l’estime de soi est basse ou si tu as déjà essayé plusieurs fois sans réussir sur le long terme. Pourquoi pas ! Le plus important, c’est de faire comme TOI tu en as envie !
Conclusion
Grâce à ces éclairages, on peut constater qu’il y a des pour et des contre entre les substituts à la nicotine et la cigarette électronique, mais aussi qu’un accompagnement pour encadrer et soutenir augmente les chances de réussite (de 72% quand même…). Au final, le mieux est encore d’en discuter avec un·e professionnel·le et de choisir volontairement ce qui te convient le mieux.